Un duo classique – un journaliste spécialiste des affaires criminelles, un peu alcoolique et désabusé, en compagnie d’une jeune stagiaire moins nunuche qu’elle en a l’air et qui se révèlera une profileuse accomplie – pour une histoire pas très nouvelle de meurtres en série de jeunes femmes dans la région de Milan. Cela en chapitres court, d’une écriture nerveuse et juste avec des épisodes revenant sur des faits plus anciens, technique assez commune dans le polar nordique.
La nostalgie du sang repose surtout sur le personnage de Marco Besana, prétexte à une investigation journalistique qui va le conduire à chercher le coupable avec l’aide de sa jeune et talentueuse stagiaire, Ilaria. Recherche que favorise ses contacts privilégiés avec la police locale et l’aide de l’inévitable hacker. Le duo bouge beaucoup dans la région milanaise, se déplace sur les scènes de crime, interroge de nombreux témoins, fréquente assidûment bars et restaurants… Il faudra finalement aller débusquer le coupable bien loin de la Lombardie et de l’Italie, dans un final sans grande originalité ni suspens, un peu bâclé à mon avis. Pourquoi donc certains auteurs produisent-ils plus d’un demi-millier de pages d’interrogatoires, d’entretiens, de réflexions etc. pour terminer un roman jusque là assez prenant en un court chapitre pas très convaincant ?
L’intérêt du livre est à chercher ailleurs. Par exemple dans les considérations amères de Marco sur la campagne lombarde et ses « kilomètres de pavillons familiaux avec jardins remplis d’amphores et de vénus en terre disproportionnées » avec « un silence si pesant que l’on entend le bruit des couverts dans les maisons ». Une région où le « culte du soupçon » ne favorise pas les conversations.
« A ton avis, pourquoi les gens se barricadent comme ça ?
- Parce qu’ils on peur qu’on les regarde, répond Besana. C’est comme ça que la réserve se transforme en claustrophobie.
- Il suffirait de tirer les rideaux.
- Les volets envoient un message plus fort. »
La nostalgie du sang est également riche en considérations sur le métier de journaliste, surtout celui de reporter-enquêteur en affaires criminelles à la recherche du scoop, prêt à (presque) tout pour doubler ses confrères. L’occasion pour Marco Besana de livrer son opinion sur l’évolution de la profession, les coupes budgétaires, la fragilité de la presse écrite face aux réseaux sociaix, et, du fait de la forte présence d’Ilaria, la place des femmes dans un monde professionnel assez machiste. En résumé, un roman pas inintéressant mais sans grande originalité, même si le duo fonctionne parfaitement et semble prêt à revenir dans un nouvel épisode.