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L'inspectrice Anjelica Henley, du Serial Crime Unit (SCU) de Londres reprend le travail après un long congé qui a suivi l’arrestation du tueur en série Peter Olivier, dit l’Equarisseur, au cours de laquelle elle a été grièvement blessée. Elle se retrouve associée pour une nouvelle enquête à un stagiaire, Salim Ramouter, alors que des morceaux de corps humains ont été retrouvés en plusieurs endroits proches de la Tamise. Il apparaît vite que ces meurtres sont l’œuvre d’un imitateur d’Olivier, lui-même responsable de l’assassinat de sept personnes.

On pourrait croire que L’Equarisseur fait suite à un premier roman consacré aux méfaits, à la traque et à l’arrestation d’Olivier. Ce n’est pas le cas, mais la narration fait une large place aux crimes du meurtrier en série, constituant ainsi comme un roman dans le roman. Olivier est lui-même très présent, Henley devant même, dans la cadre de sa nouvelle enquête, rendre visite dans un quartier de haute sécurité à celui qui a tenté de la tuer.

Nous assistons donc à un jeu du chat et de la souris, entre Henley et le nouvel Equarisseur en premier lieu, mais aussi entre deux maniaques quand Olivier, qui n’apprécie pas qu’un copycat utilise le même mode opératoire que lui, entre dans la danse. Cette rivalité entre deux individus qui tuent leurs victimes de manière sadique et les éparpillent dans la nature « façon puzzle » (le titre du roman en anglais est The Jigsaw Killer) amène de nouveaux morts et des descriptions, qui, bien que ne tombant pas dans le voyeurisme ou la complaisance, ne sont pas recommandées aux âmes sensibles. Mais c’est la loi du genre.

L’Equarisseur est un roman classique de procédure de bout en bout, avec montée en puissance de l'action dans les derniers chapitres. L’enquête que mène Henley et son équipe est rigoureuse, l’inspectrice en particulier étant décrite comme une bonne professionnelle, au caractère affirmé, ne reculant devant aucune initiative quand il s’agit de mettre un terme aux agissements des criminels ou quand il convient de mettre certains de ses collègues face à leurs responsabilités. Nadine Matheson, qui est avocate pénaliste, connait son sujet et est particulièrement à son aise dans la description des procédures régissant les procès, en particulier l’acceptation ou la récusation des jurés, qui sont des personnages-clés du roman. Quant aux principaux protagonistes, ils sont représentatifs de la diversité de la société anglaise d’aujourd’hui : l’inspectrice est d’origine antillaise, son jeune stagiaire sikh et la légiste issue de la communauté chinoise… On peut par contre regretter que l’auteur s’étende un peu trop sur leur vie privée : problèmes de couples du fait du surcroit de travail pour Henley (énième exemple dans le roman policier contemporain, mais c’est ici le mari qui supporte mal la situation) et à la maladie pour Ramouter (sa femme est atteinte de démence précoce), relations familiales intergénérationnelles complexes à gérer, liaisons extra-conjugales… Mais la construction du roman est solide et le suspense bien géré, au point que le mystère reste entier jusqu’à la conclusion. L’Equarisseur se lit donc avec plaisir, sans être toutefois un page turner, ces livres que l’on dévore, du fait de longueurs (j'ai un peu peiné sur la fin) et de passages parfois redondants. Le roman se termine sur une interrogation qui laisse présager une nouvelle série d’investigations de l’inspectrice Henley, qui, si Nadine Matheson transforme l’essai, pourrait trouver sa place parmi les enquêteurs vedettes de la littérature policière britannique.

Tag(s) : #Londres, #Thriller, #Policiers
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