C’est un peu long et fouillé mais Crimes de Seine tient la route (enfin, si l’on peut dire) avec deux intrigues apparemment parallèles bien menées – une commissaire gravement blessée en mission, des momies à la dérive – sur fond de crue centennale de la Seine. Si l’héroïne récurrente de plusieurs romans de Danielle Thiéry, Edwige Marion, est absente physiquement, son ombre plane au dessus de ses fidèles collaborateurs qui mènent l’enquête, nullement arrêtés par les pluies diluviennes qui s’abattent sur Paris.
De la gare du Nord, où est basée la brigade ferroviaire que dirige Marion, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière en passant par la rue Mathis, le Palais de la Découverte et le siège de la PJ, ils se déplacent comme ils peuvent alors que la Seine n’en finit pas de monter. Danielle Thiéry a travaillé son sujet et le roman déborde de détails sur ce qui menace Paris lors de la prochaine crue centennale : transports publics paralysés, ravitaillement aléatoire, coupures d’eau potable, pannes d’électricité, évacuations, pillages, etc., de quoi donner des frayeurs à tous ceux qui attendent sans attendre (comme le Big one en Californie) la catastrophe régulièrement annoncée.
D’entrée, tout le monde avait su que c’était du lourd. Si, d’habitude, une parfaite rigueur était la règle de base, là, il fallait être plus que parfait. Les conséquences d’une erreur, même infime, pouvaient être terribles. Et Mars, qui pressentait un sombre micmac entre une taulière mourante et un dealer de seconde zone refroidi, n’avait aucune envie d’y laisser des plumes. Danielle Théry – Crimes de Seine © Editions Payot et Rivages, 2013
Donc, on croit à ce polar efficace qui flirte avec le thriller, même si le thème du serial killer psychopathe n'est pas nouveau, si certains personnages sont quelque peu stéréotypés et si l’écriture gagnerait à être plus ramassée. Et ce n'est qu'avec Le jour de gloire que le lecteur connaîtra la fin de l'histoire.
A défaut de crue centennale de la Seine, on trouvera ici quelques clichés de la montée des eaux en juin 2016 (6,10 mètres), bien en deçà de celle de 1910 (8,62) et de celle imaginée dans Crimes de Seine (8,19).