Nestor Burma, d'un arrondissement à l'autre (Léo Malet)

Nestor Burma - considéré souvent comme le premier détective privé français - quitte rarement Paris, comme si son séjour dans un stalag allemand suivi d’un passage par Lyon (120, quai de la gare) lui avait fait passer l’envie de voyager. Le "détective qui met le mystère K.O." parcourt donc la capitale et plus particulièrement les quinze arrondissements (manquent les septième, onzième, dix-huitième, dix-neuvième et vingtième) qui constituent le décor des Nouveaux mystères de Paris de Léo Malet.

"L'idée m'est venue au pont de Bir-Hakeim. Devant ce paysage de Paris, je me suis dit que c'était quand même extraordinaire que personne n'ait jamais pensé à faire un vrai film sur Paris à part Louis Feuillade. J'ai eu l'idée confuse de romans policiers très différents de Fantômas qui se passeraient chacun dans un quartier ou arrondissement et il y en aurait plusieurs." Léo Malet – Interview dans Polar - 1980

A pied, en transports en commun- à l’inverse de Maigret, Burma prend volontiers le métro - ou dans sa propre automobile (une Dugat 12), ses enquêtes l’éloignent régulièrement de son domicile, rue Mogador, ou de l’Agence Fiat Lux, rue des Petits Champs, et le conduisent vers les quartiers chics, la zone, les quais ou la petite couronne. Célibataire et plutôt solitaire, bon connaisseur des milieux diurnes et nocturnes, Burma fréquente assidûment restaurants populaires et bistros d’habitués, menant ainsi le lecteur dans un Paris qui disparaît peu à peu. Comme l'écrit François Guerif: "Les livres de Malet, c'est la radiographie du Paris des années cinquante".

Amoureux d'un Paris qu'il délimite à la vision qu'il en donne au lecteur (les romans sont à la première personne), Nestor prend le temps de marcher, de s'imprégner et de savourer pleinement les lieux, curieux de tout ce qui l’entoure. Comme pour Maigret, le hasard joue parfois son rôle dans la résolution d’une énigme; nous sommes bien loin de l’esprit rigoureux et de la logique d’un Holmes ou d’un Poirot, et c’est en déambulant dans la ville et en s’appropriant les lieux que la solution s’impose