Soixante ans après les événements, une équipe de jeunes cinéastes enthousiastes et un peu fauchés part à la recherche de ce qui s’est passé en 1959 à Silvetjärn, un village isolé de Suède, où tous les habitants se sont comme volatilisés. Les seuls indices retrouvés alors par la police furent une femme sauvagement exécutée et un nourrisson encore en vie.
Au sein des quatre jeunes partis à l’aventure, deux d’entre eux ont une bomme raison d’essayer de déterminer ce qui s’est passé puisqu’il apparait très vite que l’une tient des informations de sa grand-mère, absente au moment des faits, et que la mère de l’autre était le bébé survivant. On n’en dira pas plus. Sinon que très vite, des éléments étranges surviennent, propres à susciter l’inquiétude, voire la méfiance au sein du groupe.
Le village perdu entre donc bien dans le schéma et la progression classiques du genre : un groupe cherchant à élucider un événement mystérieux ; un environnement vite hostile ; des craintes et des incidents dès l’arrivée menant rapidement à un isolement des participants ; des disparitions suspectes ; des révélations propres à éclairer et à inquiéter le lecteur jusqu’au dénouement final, assez prévisible il faut le dire. La construction alterne le présent et le passé – une constante dans le polar nordique depuis des années – et inclut quelques passages de lettres écrites par sa jeune petite sœur à la grand-mère de l’un(e) des protagonistes.
Inévitablement, la formule usée jusqu’à la corde, « la nouvelle reine du polar venue du froid », va nous être resservie. Pourtant tout cela n’est pas bien nouveau, même si, je dois le dire, je suis assez vite entré dans l’histoire, m’y suis intéressé un moment avant de survoler les dernières pages. Certainement parce que, si l’intrigue n’est pas très originale – la seule question que l’on se pose est de savoir si le danger vient du groupe ou lui est extérieur– Camilla Sten propose de bons portraits de ses personnages et analyse avec pertinence leur histoire personnelle, leurs motivations, leurs qualités, leurs faiblesses et leurs blessures. Même si l’on trouvera que seuls les personnages féminins, du présent comme du passé, sont véritablement étudiés et développés. Dans ce huis-clos dans un village de mort, les hommes ne sont finalement que des ombres, même si c’est par un homme que le malheur arrive.
Un thriller venu du septentrion pas si glaçant que ça finalement.
Camilla Sten, Le village perdu (2020), Le Seuil.