La vie nocturne des musées reste source de mystère et de fantasmes : on se souvient que Belphégor ou le fantôme du Louvre a fait un carton à la télévision dans les années 60. Le monde de l’art, avec ses artistes mais aussi ses faussaires et ses voleurs a également inspiré des auteurs de romans policiers comme Maurice Leblanc (la collection illicitement acquise d’Arsène Lupin dans L’Aiguille creuse), Dashiell Hammett et Le Faucon maltais (où une mystérieuse statuette attire les convoitises) ou encore Arturo Perez-Reverte (Le tableau du Maître flamand). Plus récemment, le britannique Iain Pears a livré des romans (L’affaire Raphaël, Le mystère Giotto…) où un expert-galeriste, une voleuse de grande envergure et une inspectrice du Service de la protection du patrimoine artistique évoluent dans le monde italien de l’art.
Avec Nocturne au Louvre, paru en 2017 chez Cohen&Cohen dans l’élégante collection ArtNoir, Brigitte Joseph-Jeanneney s’inscrit dans cette tradition et on lira donc avec plaisir ce roman érudit (l’auteur a occupé des postes importants dans les musées nationaux) sans jamais être pédant. Un polar très classique où le lecteur retrouvera des lieux bien connus (on ne présente pas le musée le plus fréquenté du monde) et des œuvres maîtresses de la peinture européenne (Chardin, Gréco, Titien, Ingres…).
Il rencontrera le nouveau directeur de la sécurité du musée, confronté à des incidents provoqués par un visiteur nocturne aux mobiles insaisissables s’attaquant aux fixations de tableaux dans des salles censées être désertes. Autour de lui, un patron savoureux, des agents de sécurité, un conservateur un peu trop sûr de lui, une mystérieuse restauratrice, un collègue brutalement écarté… C’est autour du Bain turc que les choses s’éclairciront.
Certains reprocheront à Nocturne au Louvre d’être un roman policier sans cadavres (si l’on excepte ceux du Radeau de la Méduse ou de Judith décapitant Holopherne). A ces amateurs d’art mais aussi de sang, de tueries de masse et de meurtres en général, on conseillera vivement Scènes de crime au Louvre (The Louvre Murder Club) de Christos Markogiannakis, publié aux éditions Le passage. Une enquête "criminartistique" où l'auteur, criminologue, détaille et porte un regard neuf sur 25 crimes et autant d’œuvres d’art proposés au regard des visiteurs.