Morse a pris des vacances mais reste à l’affût : une des clientes de son hôtel l'intrigue et l’intéresse, à titre personnel mais aussi professionnel. Par ailleurs, suite à la réception d’un étrange poème lié à la disparition d’une jeune Suédoise un an plus tôt, la police a demandé l'aide d'un critique littéraire du Times, ce qui vaut au sérieux quotidien une avalanche de lettres dans lesquelles érudits et détectives amateurs font assaut d’ingéniosité.
Pendant ce temps, de jeunes imbéciles volent des voitures, sèment le chaos dans les cités et tuent une enfant. Privé de la fin de ses congés, Morse reprend l'enquête sur la disparition de Karin Eriksson, assisté du sergent Lewis. Lors d'une battue dans les bois entourant Oxford, la police découvre des ossements qui s’avéreront vite ne pas être ceux que l'on espérait trouver ; ce sera la dernière révélation de Max de Bryn, le légiste ami de Morse, avant de quitter définitivement la scène et ce bas monde. Car le temps passe et les héros vieillissent, Lewis entretient son cholestérol (œufs, bacon et frites) et Morse son degré d'alcoolémie (bitter et pur malt).
L'enquête avance lentement, entre autopsies, interrogatoires et recherches sur le terrain, dans les bois autour de Blenheim Palace et jusqu’au Pays de Galles et même en Suède. Il est vrai que les témoins et suspects potentiels sont nombreux : réunis dans un club informel où ils peuvent donner libre cours à leurs penchants de voyeurs et d’amateurs de productions pornographiques, tous sont à un niveau ou à un autre impliqués dans la disparition de la « Swedish Maiden ».
La structure d’A travers bois (The way through the woods) est complexe, comme toujours chez Dexter, avec des fausses pistes et des revirements, des personnages – pour la plupart faibles ou veules – apparemment étrangers à l'affaire mais qui s'avèrent finalement impliqués. L'enquête de procédure est complétée par les échanges des lecteurs du Times autour du mystérieux poème adressé à la police. Une fois de plus c’est du grand art, le romancier mêlant érudition et humour et montrant son grand talent pour des dialogues vifs et percutants. Le duo Morse-Lewis fonctionne à la perfection, d’autant plus que l’inspecteur commence à lâcher la bride à son adjoint – pour l’immense plaisir de celui-ci –, l’envoyant même en mission en Suède. Doté d’une imagination toujours fertile, de plus en plus désabusé (mais quand même prêt à succomber au charme d’une jolie femme), Morse reste fidèle à lui-même. Secret, l’homme sans prénom en mentionnera toutefois l’initiale, un E, à la fin du volume.