Le roman précédemment écrit par Simenon (intitulé Maigret, tout simplement) devait être le dernier de la série des Maigret puisque celui-ci était à la retraite. L’auteur attendra six ans (1942) avant de publier Les caves du Majestic dans l’édition collective Maigret revient… enquête dans laquelle le commissaire est chef de la brigade spéciale après 25 ans de services. Sans lien chronologique avec les dernières livraisons, c’est un peu comme si un nouveau Maigret renaissait, même s’il porte toujours son « énorme manteau au col de velours légendaire ».
Le roman est l’occasion pour Simenon d’évoquer le monde des palaces avec ses riches clients, ses danseuses légères et ses entraîneuses « qui ont réussi », ses fausses bourgeoises et ses vrais escrocs. Evoquer seulement car il se concentre essentiellement sur les petites gens, les employés anonymes qui servent la clientèle : « Mais encore une fois, nous, dans le sous-sol, nous ne savons rien de ce qui se passe au dessus de nos têtes… »
« Ils sont tous à leur place, se dit-il, les uns dans la coulisse, les autres dans les salons et dans le hall…Les clients d’une part, le personnel de l’autre… »
La chaleur qui régnait dans le sous-sol l’avait obligé à se débarrasser de son pardessus, mais il n’avait abandonné ni son melon, ni sa pipe. Ainsi, paisible, il se promenait dans les couloirs, les mains derrière le dos, en s’arrêtant de temps en temps devant une des cloisons vitrées, un peu comme il se serait arrêté devant un aquarium.
Dans un Paris très chic, entre les Champs-Elysées et le Bois de Boulogne (avec une incursion à Cannes), Maigret retrouve les grands hôtels (ceux de Pietr le Letton), le monde et le demi-monde, le microcosme de « ceux d’en haut » (dans lequel il inclut le juge d’instruction qui lui a recommandé tact et discrétion) au sein duquel il n’est pas particulièrement à l’aise et qu’en fait, il déteste.
Peut-être est-ce pour cela que le commissaire sera une fois de plus compatissant et fera preuve d'indulgence pour les plus humbles, « ceux d’en bas », qu’il considère comme des déshérités de la vie.
C’était assez l’impression que lui faisait ce vaste sous-sol éclairé toute la journée à l’électricité : un musée océanographique. Dans chaque cage vitrée, des êtres s’agitaient, plus ou moins nombreux. On les voyait aller, venir, porter des fardeaux, des marmites ou des pies d’assiettes, mettre des monte-plats ou des monte-charges en branle, décrocher sans cesse de petits ustensiles qui étaient des téléphones.
Georges Simenon - Les caves du Majestic (Maigret)
Réédition Omnibus, rééditions, 2007 Roman écrit en 1939 et publié en 1942 Le Majestic. Un grand Palace parisien donnant sur les Champs-Élysées. Deux mondes diamétralement opposés s'y côt...
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