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Simenon tire une fois de plus Maigret de sa retraite de Meung-sur-Loire pour l’envoyer à New York, suite à la visite d’un jeune homme qui s’inquiète pour son père, un richissime homme d’affaires. Ce qui pourrait n’être qu’une banale aventure exotique se révèle vite une véritable enquête de terrain « à la Maigret » dans une ville étrangère. L’ex-commissaire bénéficie certes de l’aide d’un de ses collègues du FBI mais, surtout, il s’imprègne de New-York, de la 5ème avenue au Bronx, traverse Harlem, monte les étages, frappe aux portes, pose des questions, fréquente quelques bars… tout cela dans un anglais approximatif. Sa patience et sa ténacité finiront par payer et le mystère - une histoire de jalousie et de chantage, de faits cachés remontant à la surface - sera résolu, un peu trop facilement peut-être. Les dernières pages – l’interrogatoire téléphonique en règle à 5 000 km de distance d’un témoin capital, responsable plus que coupable – sont peu crédibles. C’est certainement la faiblesse de Maigret à New York, qui reste avant tout un bon roman d’atmosphère.

Il n’y avait pas de concierge dans la maison, comme dans les maisons françaises, et c’est ce qui compliquait la tâche du commissaire. Rien que des boites à lettres, dans le corridor du rez-de-chaussée, peintes en brun, avec un numéro, quelques-unes avec une carte de visite jaunie ou avec un nom gravé sur une bande de métal.

Il était dix heures du matin et c’était sans doute à cette heure-là que cette sorte de caserne vivait sa vie la plus caractéristique. Une porte dur deux, ou trois, était ouverte. On voyait des femmes aux cheveux non encore peignés vaquer à leur ménage, débarbouiller des mioches, secouer de douteuses carpettes par la fenêtre.

Georges Simenon - Maigret à New York © Omnibus

Maigret se demande en effet ce qu’il est venu faire dans une ville qu’il semble rejeter dès son arrivée - « Il pleuvait. On roulait dans un quartier sale où les maisons étaient laides à en donner la nausée. Etait-ce cela New York ? » - et dans un pays qu’il n’est pas certain de « sentir». D’où un séjour de découverte, presque d’initiation, qui le confrontera à la modernité des jukebox, aux limites de l’action de la police face à la question des libertés, à la mafia sicilienne et à la difficulté de recueillir des témoignages dans des immeubles où il n’y a pas de concierge. Il en résulte une impression de lenteur et de lourdeur, avec un Maigret confronté à un monde qu’il peine à comprendre et qui, finalement l’agace profondément.

Tag(s) : #Maigret, #New York, #Policiers
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